Le film documente, à partir de plans trouvés, le grand incendie qui s’est développé dans la forêt de La Teste de Buch durant plusieurs semaines de juillet 2022. Provoquant l’évacuation de 12000 personnes essentiellement des vacanciers, les images liées à l’incendie ont abondamment circulé sur les réseaux sociaux. Le film interroge les effets de filtre provoqués par les réseaux sociaux et la façon dont ceux-ci rendent la crise environnementale à la fois visible et invisible.

Le film suit le développement de l’incendie, à partir du départ du feu filmé par un automobiliste. Les vacanciers filment, en même temps que leurs enfants jouant sur le sable, les colonnes du fumée qui montent au-dessus de la plage, comme si elles participaient des souvenirs de vacances. Ensuite, à partir des premières évacuations, les images prennent un autre tour, parfois poignant, parfois comique. Les  pompiers postent aussi des vidéos depuis le coeur de l’incendie. Jusqu’à l’extinction partielle qui laisse des fumerolles sur le bord de la route pendant des moi.

L’incendie prend une existence parcellaire, intensive, intérieure que l’on pourrait dire avec Deleuze relever de l’haptique plutôt que de l’optique. Mais cette présence même sur les réseaux sociaux induit des effets de filtres, qui transforment une actualité en une image dans un flux, la rend certainement moins angoissante ou seulement vivable mais en masque aussi la réalité. 

On se croyait dans un film catastrophe, c'est-à-dire un peu irréel. La vie continuait comme si de rien n'était, mais dans une fumée dense et brumeuse.

Réalisation : Pierre Cassou-Noguès et Gwenola Wagon, 2025

Graphisme : Nuno da Luz