La vie comme dans un film
Conférence sous filtres
Conférence sous filtres pour les Conversations du Jeu de Paume
C’est la première fois que je parle en public depuis le début de la pandémie. Pour supporter le trac, suite à l’absence de vie sociale, j’utilise des filtres connectés à un site de visio-conférence. Tandis que je parle mon image projetée sur l’écran derrière moi se transforme en personnage vintage, se brouille en pixels colorés, un gros chat roux vient se poser sur ma tête interagissant au moindre mouvement.
Extraits choisis : « Dans nos membranes écraniques, nous devenons, non plus seulement des personnages de films intermittents, mais des spectres parmi les spectres filtrés par des algorithmes. […] Désormais nous enfilons des filtres, et nos visages se transforment. Ils sont étrangers à tout référent, si ce n’est l’usage du filtre lui-même. Cette étrangeté accapare l’esprit et capte avec intensité notre attention. L’usage des filtres, c’est comme lorsqu’on revêt la peau du cyberespace pour se fondre dans l’écosystème des réseaux.
Proche du fameux « Turn on, tune in, drop out » (« Vas-y, mets-toi en phase, et décroche »), devise d’expansion de la conscience promue par Timothy Leary. Le cyberspace, digne héritier de substance biochimique, est aujourd’hui encapsulé dans les réseaux sociaux et les bulles de filtres. Depuis la pandémie, quasiment plus aucune de nos activités n’échappe aux interfaces de communication des plateformes numériques qui viennent nous mettre en contact les uns les autres de manière intensive et accroîssent durablement la sensation de jouer sa vie comme dans un film. Si ce monde vous déplaît, enfilez-en un autre ! »



